Les jeux et les distractions des Romains
La distraction des enfants

Les Romains de toutes les conditions, de tous les âges étaient des passionnés des jeux : hochets sonores pour le nourrisson, petits chariots en bois ou en terre cuite, cerceaux à clochettes, toupies pour les petits enfants, qu'on promène aussi dans de vrais chariots attelés de poneys. Parfois des courses sont organisées, à l'imitation de celles du cirque.

 

A l'âge où l’on commence à aller à l'école, les petites filles ont des poupées, souvent articulées, qu'elles peuvent habiller. Les garçons pratiquent le jeu des noix, ils jouent aux osselets, aux dés. Comme chez nous on joue encore parfois aux billes, à colin maillard, avec des balles et des ballons ; ils se baignent et nagent ou du bord, ils s'amusent à faire des ricochets.

 

Plus on s'approche de la période de l'adolescence, plus les jeux ressemblent aux distractions en faveur auprès des adultes (la chasse, l'équitation). La pratique des exercices athlétiques (celles mentionnées déjà mais aussi la course à pied, le saut le lancer du disque) visait à former des corps vigoureux et sains : les garçons sont de futurs soldats.


Les jeux des adultes

Les adultes apprécient aussi les jeux de hasard (les dés et les osselets, pile ou face, pair impair), d'autres où l'habileté du joueur corrige le hasard (mourre, trictrac romain), d'autres enfin où seule la science du joueur conduit au succès (jeux que l'on considère comme apparentés aux échecs et aux dames).

 

Beaucoup de jeux s'accompagnaient d'enjeux et de paris, quelquefois très importants. Cette passion des romains se manifestait non seulement dans les jeux de hasard mais aussi - on le verra - lors des courses de chars. Aussi le pouvoir politique, sous la République et sous l'Empire avait-il frappé d'interdiction les paris, sous peine de très lourdes amendes. Mais il était toujours possible de prendre des paris clandestins dans les lieux publics et dans les auberges et cabarets dont les arrières-salles faisaient office de tripots.

 

Dans les Thermes, fréquentés assidûment, surtout sous l'Empire, où ils deviennent un lieu de loisir par excellence, les hommes, mais aussi les femmes, se préparaient au bain par des exercices physiques d'une grande intensité parfois (jeu de balle à trois joueurs disposés en triangle, jeu de paume, harpastum où on doit se saisir de la balle – harpasta - au milieu des concurrents, malgré les poussées, les assauts de vitesse et les feintes, dans un nuage de poussière, poids et haltères etc.) ou plus calmes et plus élégants et réclamant plus d'habileté que de force (la conquête d'un ballon rempli d'air). La course derrière un cerceau était surtout pratiquée par les femmes.

 

Aussi bien sous la République que sous l'Empire, certains esprits ont manifesté leur dédain ou leur hostilité à l'égard des jeux et activités physiques qui plaisaient tant à la foule : ce sont les hommes adonnés à l'étude, les philosophes et les moralistes, qui les condamnent parfois avec une grande véhémence.


Les jeux et les fêtes

A la fin de la République, les jeux et les fêtes sont très nombreux et occupent chaque année plus de 75 jours. Ils ont été institués à différentes époques ; les plus anciens - les ludi consuales en l'honneur du dieu agraire Consus - remontent à Romulus.

 

Donnés entre avril et décembre, en général pour honorer des divinités telles que Cybéle, Cérés, Apollon, Jupiter, etc, ils sont organisés par les magistrats chargés d'administrer la ville et donnent lieu à des manifestations spectaculaires : (procession solennelle, théâtre, jeux du cirque, combats d'animaux sauvages). C'est pour leur donner un cadre digne d'eux que Tarquin l'Ancien fit construire le Circus Maximus. Les jeux romains occupent la journée entière et durent plusieurs jours. Les consuls et les édiles, dans l'exercice de leurs fonctions au service de l'Etat, des particuliers, sous la surveillance des magistrats, organisent des jeux votifs, pour obtenir la faveur des dieux.

 

Un candidat à une élection, dans l'espoir de gagner des voix, un homme politique qui en attend une popularité plus grande, font de même. A ces grandes manifestations s'ajoute la célébration d'un très grand nombre de fêtes ayant un caractère agricole et guerrier (les Romains sont un peuple de paysans et de soldats) ou destinées à protéger la cité de la malveillance des dieux ou des morts. Elles ont lieu à date fixe, occupent elles aussi une ou plusieurs journées et donnent lieu à des réjouissances populaires. Une des plus connues, les Saturnales, a pris une très grande place sous l'Empire. Célébrées en l'honneur de Saturne, dieu du règne de l'âge d'or, elle durait deux jours, du 17 au 19 décembre. Cette durée passera à cinq jours et s'étendra même à un mois entier aux dires de certains auteurs.

 

On constate donc une véritable continuité dans la célébration des fêtes de la Royauté à l'Empire. D'autres pratiques religieuses ont un caractère plus rare ou exceptionnel, par exemple la devotio. un général, dans l'espoir de rétablir une situation critique, au cours d'une bataille, voue aux dieux infernaux l'armée ennemie, un de ses propres soldats, voire lui-même, tel Décius. Le lectisterne est un festin offert aux dieux ou aux déesses par l'intermédiaire des statues qui les représentent.


Les lectures publiques sous l'Empire : Recitationes

Les lectures publiques sont entrées dans l'usage de la vie littéraire et mondaine à l'époque de l'empereur Auguste (30 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.) ; elles ont pris rapidement une place grandissante. Elles consistaient, pour les auteurs, dans la lecture à haute voix (Recitatio) de leurs œuvres nouvelles ou récentes. Elles sont devenues pour eux le moyen le plus commode de les faire connaître.

 

On lisait des poèmes, des pièces de théâtre (Comédie et tragédie), des discours judiciaires ou politiques, des ouvrages d’histoire en général chez soi devant un parterre d'invités dont on attendait des conseils et surtout des louanges mais qui ne se montraient ni toujours attentifs ni toujours bien élevés. Elles donnaient lieu à tout un cérémonial. Certains se produisaient dans des lieux publics (Les Thermes par exemple), voire sur le Forum. On faisait des lectures publiques en toutes saisons, à toutes les heures du jour. Cette mode touchait presque tous ceux qui se piquaient d'écrire, parmi lesquels on compte des empereurs : Claude (41-54 ap. J.-C.) lut lui-même ou fit lire par un affranchi ses ouvrages historiques, Domitien (81-96 ap. J.-C.) et Hadrien (117-138 ap. J.-C.) leurs poèmes. Auguste fut un auditeur assidu et bienveillant.

 

Les lectures publiques ont rempli, semble-t-il, une double fonction sociale : elles permettaient aux auteurs d'échapper à la tyrannie et à l'arbitraire des libraires, qui organisaient aussi parfois des lectures publiques pour leurs protégés, et au pouvoir politique de contrôler la production littéraire et de tuer dans l'œuf toute velléité séditieuse. Dans une Rome où la grande éloquence politique et judiciaire ne peut plus s'exprimer publiquement, la liberté de parole n'existe plus que dans les lectures publiques devant des cercles d'amis sûrs.

 

Quant à l'influence qu'elles ont eue sur la littérature latine, les avis sont partagés : un auteur comme Pline le Jeune (62-120 ap. J.-C.) qui les a beaucoup pratiquées avec succès, leur attribue une influence bénéfique. Avec le recul, les historiens de notre temps sont surtout sensibles à leurs effets pernicieux : en effet les auteurs n'ont plus en tête que le succès immédiat que leur procureront un passage brillant ou une formule frappante. Elles détournent des grands projets et stérilisent leur ambition. Dès le début le poète Horace avait pressenti ce danger. Encore convient-il de nuancer ce jugement car Sénèque (2-65 ap. J.-C.), Tacite (35-120 ap. J.-C.), Juvénal (42-125 ap. J.-C.) et quelques autres attestent de la vitalité de la littérature latine au Ier siècle et dans la première moitié du second.


Les spectacles sous la République et l'Empire

Les spectacles donnés au cirque, au théâtre, dans un amphithéâtre accompagnent la plupart du temps, à l'origine, des fêtes ou solennités religieuses. Ils sont apparus à des époques diverses, certains en des temps très anciens. Ils ont évolué différemment, les uns souffrant rapidement d'une relative désaffection du public (tragédies, comédies), d'autres connaissant un essor prodigieux et durable (jeux de l'amphithéâtre). Nous les présentons dans l'ordre probable de leur apparition dans la vie des Romains.

 

Le Cirque

Le mot désigne l'espace construit dans lequel se déroulent les jeux dits du cirque. A Rome même. il existe plusieurs cirques dont le plus ancien et le plus imposant est le Circus Maximus, de dimensions colossales : situé dans une dépression entre le Palatin et l'Aventin, il mesurait, après des agrandissements et aménagements successifs six cents mètres de long sur deux cents de large, au deuxième siècle ap. J.-C., et il pouvait contenir de deux cent cinquante à trois cent mille spectateurs.

 

On y assiste à des courses, à des combats de lutteurs, à des exercices de voltige à cheval, qui ont un caractère guerrier, mais surtout à des courses de char pour lesquelles il a été conçu dans sa forme. Le spectacle dure une journée entière. Il est précédé d'une procession qui, sous la conduite du préteur, part du champ de Mars et traverse la Ville, et d'un sacrifice de boeufs. Sous la République, s'affrontent deux écuries, les verts, faction du parti populaire, et les bleus, faction du parti conservateur ce qui exacerbe les passions des spectateurs qui parient en fonction de leurs opinions politiques.

 

Les attelages font sept tours de piste. Tout l'art des cochers consistait à éviter les accidents (collision avec un concurrent, accrochage d'une borne serrée de trop près) et à ne pas perdre de terrain dans les virages pris trop larges. Un personnel nombreux travaille pour les écuries mais la gloire revient aux chevaux et aux cochers. Ceux-ci sont souvent de naissance basse, voire servile : ils gagnent des fortunes et acquièrent une renommée immense, dont un accident mortel les prive prématurément. Les courses font l'objet d'enjeux qui enrichissent ou ruinent les parieurs. Elles accaparent les esprits et les détournent des soucis de la vie quotidienne et de velléités séditieuses, elles concourent au maintien de la tranquillité publique. voulue par les empereurs.

 

Le théâtre

L'institution des jeux scéniques à Rome remonte, selon la tradition, à 364 av. J.-C. Elle est d'origine étrusque. A l'occasion des fêtes populaires, qui rythment l'année, s'étaient déjà développés des spectacles qu'on peut apparenter à la farce. Ils étaient grossiers, voire obscènes, chants fescennins, atellanes (les acteurs sont très typés, ils improvisent sur un canevas comme dans la comedia dell arte), satires (mélanges de parties parlées, de mimes, de danses), manifestation certaine de l'exubérance et de la joie de vivre des participants. A cette tradition du terroir vont se substituer, sans l'évincer complètement, sous l'influence des Grecs avec lesquels les Romains sont dès longtemps au contact dans l'Italie du sud et en Sicile, les pièces de théâtre qui nous sont plus familières, les tragédies et les comédies.

 

La tragédie

Les tragiques imitent les Grecs. On distingue deux sortes de pièces, celles dont le sujet est emprunté aux légendes et à l'histoire grecques et celles qui traitent d'un sujet romain. Plusieurs auteurs illustreront et enrichiront le genre, qui subira une éclipse presque totale jusqu'à ce que le philosophe Sénèque écrive au Ier siècle ap. J.-C., des tragédies imitées d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide, par exemple Agamemnon, les Phéniciennes, les Trovennes, Médée, Phèdre), qu'on représente encore de nos jours.

 

La comédie

Elle est représentée essentiellement par deux très grands auteurs, Plaute (vers 254-184 av. J.-C.) et Térence (vers 190/185-159 av J.-C.). Du premier nous sont parvenues vingt pièces, du second, mort jeune, seulement six. Il arrive que Térence s'inspire de deux pièces grecques pour composer une comédie ( procédé. dit de la contamination). Si la vie de Plaute est un véritable roman, celle de Térence, dans l'entourage de hauts personnages cultivés, plus unie et plus calme, ils ont eu à lutter tous deux contre un public ignare et inculte, grossier et turbulent et quelquefois aussi, contre des concurrents jaloux et mal intentionnés.

 

Semblables dans leur composition (un prologue suivi de plusieurs actes comportant eux-mêmes plusieurs scènes), elles différent par la conduite de l'action, assez lâche chez Plaute, habile et rigoureuse chez Térence. Les personnages sont empruntés à la tradition (jeune premier en conflit avec son père, dont il convoite les biens pour satisfaire ses plaisirs et qu'il cherche à gruger, jeune fille pleine de réserve, père sévère et tyrannique qui a oublié sa folle jeunesse, esclave insolent qui met ses talents au service de son jeune maître, courtisane distinguée et habile, marchand d'esclaves cupide et brutal etc.) La peinture qu'en fait Térence est plus fine, plus délicate et plus nuancée.

 

Ces comédies d'intrigue, de caractère et de mœurs à la fois ont plus de vérité humaine chez Térence mais la force comique de Plaute est incontestablement plus grande : il fait rire aux éclats alors que Térence, plus retenu, fait seulement sourire. Ces pièces, écrites en vers variés, comportent des parties parlées et des parties chantées, qui tiennent une plus grande place chez Plaute. L'évolution rapide de Plaute à Térence a désorienté le public populaire mais séduit les milieux aristocratiques au goût plus raffiné. Lisez l'Avare et l'Amphitryon de Molière et vous n'aurez pas de mal à voir ce que ces deux pièces doivent à l'Aulularia ( La Marmite) et à l'Amphitryon de Plaute.

 

Les lieux

Les représentations théâtrales ont été données pendant très longtemps dans des installations temporaires en bois. C'est. Pompée, général et homme politique de premier plan à la fin de la République qui a construit le premier théâtre en pierre, en 55 av. J.-C. D'une capacité de 27’000 places assises environ.

 

Deux autres théâtres, édifiés à la fin du Ier siècle av. J.-C. ont respectivement 7’700 et 14’000 places assises. On est loin à la fois du Circus Maximus et des plus grands théâtres de notre époque. Il est paradoxal que des monuments de cette importance aient. été construits à Rome et dans tout le monde romain à l'époque où la création était tarie et où la faveur du public n'allait plus qu'à des formes dégradées de la tragédie comme la pantomime, ou de la comédie, comme le mime. Pour la forme, le théâtre romain s'inspire au début des édifices grecs mais il n'est pas adossé à une colline et il a pris rapidement un aspect original. Il pouvait être couvert d'une toile destinée à protéger les spectateurs du soleil, les représentations ayant. lieu à ciel ouvert. Il existe aussi des théâtres couverts.

 

Le spectacle et les acteurs

L'organisation des spectacles est confiée par le magistrat responsable à un chef de troupe qui a acheté la pièce à jouer. Les acteurs, uniquement des hommes pendant très longtemps - le métier est déconsidéré - sont soit d'origine servile soit des affranchis : sauf pour la satire et l'atellane, les citoyens étaient en effet interdits de scène et ils perdaient leurs droits s'ils passaient outre à cette interdiction.

 

Comme chez les Grecs, les acteurs portaient, à partir du IIe siècle av. J.-C., des cothurnes (chaussures à semelle très épaisse qui rehaussent la taille de l'acteur) et des masques, dont l'expression était adaptée à la situation heureuse ou malheureuse dans laquelle se trouvait le personnage, à tel ou tel moment de l'action. Les masques ont aussi la propriété d'amplifier la voix. Au cours de la représentation, qui a lieu au début de l'après midi, avant le repas principal (cena) vers quinze/seize heures, les acteurs sont. exposés aux caprices d'un public parfois violent. Par précaution, le chef de troupe engage une claque vigoureuse. Les bagarres sont nombreuses. Le spectacle est gratuit et tout le monde (hommes, femmes enfants, esclaves) y a accès.


L'attitude des Romains à l’égard des spectacles

L'attitude des Romains à l'égard des représentations théâtrales et des spectacles du cirque, variable selon les époques, selon les exigences des publics (la rusticité, voire la grossièreté des uns contrastant avec le raffinement des autres) n'est pas fondamentalement différente de celle des spectateurs français des siècles passés et du nôtre.

 

On se ruait aux divers spectacles pour le plaisir qu’ils procurent et ils suscitaient un tel engouement, en particulier ceux du cirque et l'amphithéâtre, que la ville se vidait de ses habitants et que le pouvoir devait prendre des mesures de police pour protéger les habitations quasi désertes des entreprises des voleurs.

 

L'amphithéâtre mérite un traitement à part dans la mesure où son fonctionnement est spécifique de la civilisation romaine et où il suscite chez nous horreur et réprobation (Jérôme Carcopino, La vie quotidienne à Rome à l'apogée de l'empire, Roland Auguet, Cruauté et civilisation, les jeux romains). Nous avons vu que, substitués aux sacrifices humains de prisonniers de guerre, les premiers combats de gladiateurs avaient représenté un progrès. Mais dès le premier siècle av. J.-C. ils ont pris une autre dimension. Pour éblouir leurs concitoyens, pour capter leurs suffrages, les hommes politiques ont donné des spectacles de plus en plus grandioses assurément mais aussi de plus en plus meurtriers et cruels. Le pli était pris et pendant plusieurs siècles, sous l'Empire, ils ont été un instrument de gouvernement. Si Tibère (14-37) par avarice, s'est abstenu souvent, tout en laissant faire d'autres grands personnages (Suétone, Tibère), Claude (41-54) y trouvait l'occasion de satisfaire sa cruauté (Suétone, Claude).

 
 
 
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