Les causes de la fin de l'Empire Romain
L'Empire romain a-t-il été assassiné par les Barbares ou bien est-il mort de l'incapacité de ses dirigeants? A toutes les époques, Rome a su accepter l'installation de peuples barbares en deçà de ses frontières. Durant le IVe siècle , cette politique prend de l'ampleur et, surtout, nombreux sont les généraux d'origine barbare, souvent très capables mais jalousés par les Romains de vieille souche.
L'armée ayant été affaiblie en 351 par une guerre civile, Valentinien I a du mal à contenir les attaques des Francs et des Alamans sur le Rhin. Son successeur, Valens, est tué par les Goths, et l'armée du Danube anéantie à la bataille de Mursa (378). Théodose, enfin, consent à l'installation d'un Etat goth allié au sud du Danube, avant de rétablir la puissance romaine face aux Sassanides, ce qui assure la paix sur ce front jusqu'en 502. Deux usurpations, en 383-384 et en 392-394, affaiblissent les armées romaines du front rhénan; puis, dans la bataille de la Rivière froide les deux armées romaines se détruisent mutuellement.
Un déséquilibre entre l'Orient et l'Occident
A sa mort, en 395, Théodose laisse l'Empire à ses deux fils: l'Orient à Arcadius, l'Occident à Honorius. Ce partage entérine le déséquilibre entre un Orient prospère et un Occident épuisé. Le général vandale Stilicon, nommé régent par Théodose, est mal accepté par l'entourage d'Arcadius; il réussit néanmoins à se maintenir une dizaine d'années.
Le 31 décembre 406, Vandales, Sarmates, Alains et Alamans franchissent le Rhin et ravagent la Gaule septentrionale et occidentale, où débarque un usurpateur avec l'armée de l'île de Bretagne, qui est, dès lors, définitivement abandonnée. Stilicon, qui ne peut compter que sur l'armée d'Orient, est arrêté et décapité en 408, et l'armée d'Occident épurée de ses partisans.
Rome assassinée
Lorsque le Goth Alaric, poussé par la cour de Constantinople, s'empare de Rome, en août 410, il la livre au pillage avant de partir avec ses Wisigoths s'installer en Gaule méridionale.
La cour de Ravenne (capitale impériale en 402), trop affaiblie, doit accepter l'installation de royaumes barbares en Gaule, lesquels apportent leur concours lors de l'invasion d' Attila, repoussée en 451. Mais l'autorité romaine, restreinte peu à peu, disparaît en 486 avec les conquêtes de Clovis, le roi des Francs. La péninsule Ibérique tombe sous le contrôle des Wisigoths, tandis que l'île de Bretagne résiste aux Saxons, qui n'achèvent leur conquête qu'en 550.
L'Afrique romaine est envahie en 429 par les Vandales, qui créent un empire maritime. Malgré l'installation de Barbares fédérés, les provinces danubiennes restent romaines, passant de l'autorité de la cour de Ravenne à celle de Constantinople.
Sous le gouvernement d'Aetius (429-454), excellent général et diplomate, l'Italie connaît un répit et Rome retrouve une partie de sa splendeur. Mais l'assassinat d'Aetius par Valentinien III ouvre la voie aux usurpations, certains empereurs n'étant d'ailleurs que les prête-noms de chefs barbares. L'un d'entre eux, Odoacre, dépose le tout jeune empereur Romulus Augustule et décide de reconnaître l'autorité de l'empereur de Constantinople (476).
Les invasions Barbares
En 489, les Ostrogoths de Théodoric s'installent en Italie et rétablissent formellement l'Empire romain d'Occident, jusqu'à la reconnaissance de Théodoric comme roi d'Italie, en 497. Cependant, dans les faits, l'Empire romain n'existe plus dans un Occident désormais entièrement soumis aux Barbares, mais persiste en Orient.
Particulièrement affaibli par des querelles religieuses, notamment celle relative au monophysisme, l'Empire d'Orient conserve néanmoins les mêmes territoires qu'en 408; le règne d'Anastase (491-518) lui permet de restaurer ses finances et de réorganiser son armée.
L'Occident, plus durement assailli par les Barbares, est miné par les intrigues de palais, et l'effort fiscal demandé à ses populations est durement ressenti. Pour les aristocraties urbaines comme pour les paysans, le gouvernement des Barbares est moins pesant que celui de l'autorité impériale. Si l'Empire est bien assassiné, il faut reconnaître que de fragile il est devenu faible.
Rome, livrée à un troisième pillage en 472, voit sa population tomber à quelque 120'000 habitants, et son aristocratie ruinée ne peut assurer ni les jeux, ni l'annone, ni l'entretien des édifices publics. Son évêque conserve cependant un grand prestige. Dans un Occident où la vie urbaine connaît une régression quasi générale, elle demeure, à l'aube du VI e siècle, la principale cité, et la plus sainte.
Cité-Etat à l'origine, qui s'assure le contrôle du Bassin méditerranéen et crée une monarchie originale, Rome a su intégrer politiquement et culturellement les peuples les plus divers. La culture, les langues, les littératures, mais aussi les institutions des pays méditerranéens viennent en grande partie des Romains, qui, en douze siècles, ont profondément marqué les régions qu'ils organisèrent, et leur héritage est loin d'être aboli. |