Dans la cité, le fait majeur des Ve et IVe siècles av. J.-C. est l'opposition entre plèbe et patriciat, lequel groupe les familles dont l'origine remonterait aux rois légendaires de Rome et qui auraient donné les premiers sénateurs.
Plèbe et patriarcat
La plèbe regroupe non seulement les nouveaux venus (époque étrusque), mais aussi des familles sénatoriales (plus récentes) et les clients de toutes les familles sénatoriales.
Le patriciat entend confisquer les magistratures et les sacerdoces publics, et va jusqu'à prétendre interdire les mariages avec les plébéiens. La plèbe, en réaction, se donne des magistrats particuliers, les tribuns et les édiles (au nombre de quatre à partir de 471). Cependant, comme ses membres sont astreints au service militaire et, pour les plus riches, sont électeurs à défaut d'être éligibles, elle fait la grève du service militaire et des élections, ce qui entraîne la paralysie de la cité.
Dans l'euphorie de la conquête, la situation politique connaît des apaisements successifs: un droit commun est mis en place (loi des Douze Tables), puis les plébéiens obtiennent le droit au mariage, la reconnaissance des pouvoirs de leurs magistrats, l'accès au consulat et à toutes les magistratures, ainsi qu'aux principaux sacerdoces. En 287, la loi Hortensia donne tout pouvoir à l'assemblée de la plèbe, dont les décisions («plébiscites») auront force de loi pour tous.
Les institutions
Au début du III e siècle, Rome est donc régie par une constitution aristocratique modérée: une assemblée, les comices centuriates, où seuls les plus riches votent réellement, décide de la guerre, vote des lois et élit les magistrats supérieurs (consuls, préteurs et, tous les cinq ans, censeurs); une autre assemblée, les comices tributes, ouverte à tous mais où le décompte des voix se fait par tribus - celles-ci sont très inégales en nombre de citoyens -, décide de la paix, choisit les magistrats inférieurs et vote des lois.
De son côté, l'assemblée de la plèbe choisit ses édiles et ses tribuns et vote les plébiscites. La charge des magistrats est annuelle et collégiale, à l'exception de la dictature, limitée à six mois, et qui est décidée en cas de troubles ou de danger extérieur grave. Seuls les citoyens participant aux comices centuriates peuvent accéder aux magistratures et, parmi eux, certains reçoivent un cheval de l'Etat pour servir comme cavaliers (ou chevaliers) dans l'armée civique.
Les dirigeants
Cette élite dirige Rome, où la compétition est vive et où les procès politiques sont nombreux. Enfin, le sénat, conseil de la cité, fort de 300 membres, accueille les magistrats sortis de charge et, à défaut, les plus vaillants des riches combattants. Il examine les projets de lois, donne son avis et dirige en fait les finances publiques et la politique extérieure; le sénat assure donc la continuité de la vie politique.
L'équilibre des pouvoirs est garanti par des règles acceptées par tous: les dix tribuns de la plèbe sont sacrés et inviolables, mais si chacun d'entre eux peut porter aide à un citoyen victime de la décision arbitraire d'un magistrat, il faut qu'ils soient tous d'accord pour faire une proposition de plébiscite. Les censeurs révisent la liste des citoyens et des sénateurs, déclassent les citoyens indignes et expulsent les sénateurs infâmes; ils adjugent les grands travaux (par exemple, les aqueducs) et les fermes des ressources de l'Etat. |